l

LES PEUPLIERS

     es hauts peupliers font leur prière debout.
Et les feuilles d'argent sont des mains minucules,
Qui pour accompagner l'oraison sans formules,
Se joignent en tremblant avec des gestes doux ;

       Les hauts peupliers font leur prière debout.
Le long des grands chemins, des fleuves, des canaux,
Si droits malgré les vents, si puissants et si beaux !
Comme les pénitents de Séville et de Furnes,
C'est une longue procession taciturne
Arrêtée sur le bord de forêts, des chemins,
Ou bien le cortège des géants pèlerins,
Qui n'arrive jamais au lointain sanctuaire,
Et qui depuis des ans font la même prière ...
Peupliers ! Peupliers de la plaine et des bois,
Peupliers des canaux et des routes en croix,
Peupliers immenses rangés comme en bataille,
J'ai trouvé des douleurs dépassant votre taille,
Tout le long de la route où je cherchais l'amour !
Me voyez-vous passer, courbant mon front trop lourd,
Peupliers arrêtés au bord des grands chemins ?
Peupliers fiers géants, peupliers pèlerins,
Si je n'atteins jamais le lointain sanctuaire
Que mon désir parait de joie et lumière ...
Je veux joindre les mains, et chanter comme vous,

        Peupliers, je ferai ma prière, debout !



Guilly d'Herbemont

Poésie ayant obtenu en 1930 le 1er Grand Prix
 au Jeux floraux de France, présidés par
 la comtesse de Noailles et  Paul Faure

l